
Introduction
Le parc nautique de Saint-Jean-Port-Joli est un superbe endroit pour y passer quelques jours. La marina est proche du centre du village, de l’épicerie, des restaurants et des quelques boutiques. Elle est aussi proche d’un terrain de camping, ce qui permet de donner rendez-vous à des amis qui préfèrent la route à la voie fluviale. En plus, on y trouvera une Capitaine de port des plus sympathiques!
Mais les habitués savent également qu’il faut soigneusement choisir sa fenêtre d’arrivée en fonction de la marée. Si on arrive à une heure trop proche de la marée basse, on risque d’échouer son voilier.
Un touriste français, dont le voilier figure en photo au début de ce texte, sert d’avertissement. On y voit son voilier échoué à l’entrée du parc nautique. Comme le fond est en vase, le bateau a du s’en tirer avec un minimum de dommages. Reste à voir pour l’orgueil du propriétaire!
C’est les marées qui décident
Le Parc nautique Saint-Jean-Port-Joli est inaccessible entre une et deux heures de chaque côté de la marée basse dépendamment de votre tirant d’eau et de la hauteur de la marée.
Parc Nautique de Saint-Jean-Port-Joli.
Saint-Jean-Port-Joli n’a rien de particulier. Comme à beaucoup d’autres endroits sur le fleuve, c’est la marée qui décide des fenêtres d’arrivées et de départs. C’est une obligation pour entrer ou sortir de marina avec une profondeur suffisante, mais aussi pour utiliser judicieusement les courants de marées. Pour planifier son arrivée, il faut ainsi déterminer une plage horaire où on sait que les eaux sont assez hautes pour la navigation. On doit ainsi calculer son trajet à rebours pour déterminer une heure de départ cohérente avec cette fenêtre d’arrivée.
À chacun ses besoins!
Ce texte vous montre comment identifier vos fenêtres de marées, ou encore de déterminer le niveau de l’eau à une heure donnée. Il détaille dix techniques différentes pour s’y prendre. Certaines sont plus utiles en pratique, d’autres sont plus utiles pour des examens. Il faut donc lire les parties du texte qui vous sont nécessaires, ou que vous jugez utiles, selon vos objectifs. Le tableau ci-dessous est très utile pour déterminer quelles approches apprendre pour quelles circonstances.
Technique | Usage pratique sur un quillard. | Examen d’Opérateur de petite embarcation. | Examen de navigation côtière élémentaire de Voile Canada. | Examen de navigation côtière intermédiaire de Voile Canada. | Examen théorique du Yachtmaster Offshore de la RYA. | Examen de Carte et Pilotage II de Transport Canada. |
À savoir | Au choix: 1, 2, 3, ou 4. | 5 et 6. | 5 et 6. | 5, 6 et 8. | 5, 6 et 10. | 5, 6 et 8. |
Pour se vérifier | 7 ou 8. | 7 ou 8. | 9. | 9. | 9. | |
Commentaire | C’est les pratiques établies. | L’électronique n’est pas à l’examen. | L’électronique n’est pas à l’examen. | L’électronique n’est pas à l’examen. | Les ordinateurs de bord font partie du curriculum. | L’électronique est dans un examen séparé (ECDIS). |
Techniques électroniques
La prépondérance des appareils cellulaires et des tablettes pour fins de navigation est la norme établie pour la plaisance. Ce faisant, les quatre premières techniques explorées dans ce texte font usage des outils électroniques. Derrière cette diversité d’applications, la source d’information sur les marées est la même, soit le Ministère de Pêche et Océans du Canada. Les applications sont toutes branchées sur l’interface publique de données du ministère.
La première technique explore l’Application fédérale des marées. Elle est gratuite, simple et accessible à partir de n’importe quel appareil avec un navigateur. Le site fait partie des publications officielles du Gouvernement du Canada.
La seconde technique explore l’application Boating (navionics). L’application Boating est populaire pour sa simplicité et spécialisée à la navigation (cartes, signaux, données en temps réel, etc.). Bien qu’elle accorde une période d’essai de 90 jours, il faut ensuite payer un abonnement pour se prévaloir des cartes marines et autres informations.
La troisième technique explore l’application OpenCPN. C’est une application de navigation gratuite, mais qui requiert ensuite d’acheter des cartes électroniques.
La quatrième technique explore l’Observatoire global du St-Laurent. Elle est quant à elle similaire à l’application fédérale: gratuite et accessible à quiconque muni d’un navigateur. Elle offre beaucoup d’information sur les courants, les vents et les marées. En revanche, il n’est pas possible d’obtenir les données de marées plus qu’une semaine à l’avance.
Chacune de ces techniques demande de savoir lire un graphique liant la hauteur de la marée à l’heure de la journée. Si vous savez lire un graphique, il ne vous reste qu’à savoir utiliser les applications! Vous pourrez ainsi déterminer la hauteur de la marée en tout temps et pour tout port où il y a des données disponibles. Les techniques sont simples, ne requièrent pas de calcul et sont très générales. Ce n’est pas pour rien que c’est une norme d’usage pratique!
En matière d’application, le lecteur devrait en choisir une qui lui convient pour travailler avec les marées. Si on débute, on peut commencer avec la première application (gratuite) et ensuite prendre le temps d’explorer les autres. Bien sûr, les préférences de chaque personne jouent pour beaucoup dans l’évaluation des mérites de chaque application. Personnellement, j’emploie OpenCPN pour la planification et j’emploie Boating pendant la navigation. Il y a aussi d’autres applications disponibles (Savyy Navy, C-MAP, etc.).
Les techniques manuelles (ou s’appuyant sur du papier)
Si les techniques électroniques sont la norme pratique établie, les examens de Voile Canada, de la Royal Yachting Association et de Transport Canada font encore l’évaluation des techniques manuelles. Ainsi, pour réussir les examens ou brevets associés, il faut connaître les techniques « papier ». Selon le brevet envisagé, il faut alors se familiariser avec les techniques associées à ce brevet.
La cinquième technique fait partie des exigences du certificat d’opérateur de petite embarcation de Transport Canada, de celles du brevet de navigation côtière élémentaire de Voile Canada et de celles du brevet de Quillard élémentaire de Voile Canada. Elle permet de déterminer quand est la marée haute et la marée basse de ports principaux, de même que la hauteur de l’eau. Vous saurez déterminer des plages horaires de navigation sécuritaire telles que celles requises pour entrer à la marina de Saint-Jean-Port-Joli.
La sixième technique fait aussi partie des exigences de l’examen de Carte et Pilotage II de Transport Canada, de même que du brevet de navigation côtière élémentaire de Voile Canada. Vous saurez calculer la hauteur de la marée haute et de la marée basse à n’importe quel port, qu’il soit principal ou secondaire, à l’aide des outils autorisés aux examens de Transport Canada ou de Voile Canada.
La septième technique fait partie des exigences de l’examen de Carte et Pilotage II de Transport Canada, de même que du brevet de navigation côtière intermédiaire de Voile Canada. Vous saurez calculer la hauteur de la marée haute et de la marée basse à n’importe quel port, et à n’importe quel moment, qu’il soit principal ou secondaire, à l’aide des outils autorisés aux examens de Transport Canada ou de Voile Canada.
La huitième technique est connue sous le nom de la règle des sixièmes (ou règle des douzièmes). C’est la technique la plus commode pour faire des calculs rapides sur le pont. Elle n’est pas exigée d’aucun brevet, mais c’est un savoir marin bien établi. Ceux qui travaillent en pieds plutôt qu’en mètres aimeront la fait qu’elle travaille avec des « douzièmes », car il y a 12 pouces dans un pied. Ce faisant, elle est très facile d’usage lorsqu’on fait des calculs en pieds.
La neuvième technique est mathématique et travaille directement avec une équation de courbe sinusoïdale. Elle permet d’identifier la hauteur de la marée à n’importe quel moment, mais requiert une calculatrice et une compréhension des fonctions trigonométriques. Elle a peut-être le désavantage de donner une impression de précision, car les prédictions sont plus précises que le comportement réel des marées.
La dixième technique est celle enseignée dans les cours théoriques du Yachtmaster Offshore de la Royal Yachting Association (RYA). Elle requiert des courbes de marées sur mesure. Ces dernières sont fournies au Royaume-Uni, mais ne le sont pas au Canada. Conséquemment, sa seule utilité est pour réussir les examens de la RYA.
Quelques définitions
Dans toutes les techniques employées ci-dessous, il est utile de connaître une minimum de concepts et définitions pour être en mesure de s’y retrouver.
Le marnage correspond à la différence entre la marée haute et la marée basse. Le marnage est souvent exprimé en mètre et est spécifique à une journée et une région. Un marnage de 3m à Saint-Jean-Port-Jolie signifie ainsi que la marée variera de trois mètres. C’est le contexte de la conversation ou du texte qui précisera à quelle marée on fait référence (le matin? le soir? quelle journée?).
Le zéro des cartes est une convention. C’est la référence à partir de laquelle on mesure le niveau d’eau de la marée. Cette convention est établie par le Service hydrographique du Canada:
Le zéro des cartes est le niveau de basse mer auquel se rapportent les profondeurs des eaux couvrant des entités en permanence et l’altitude de celles qui sont périodiquement submergées. (Service hydrographique du Canada)
Une interprétation approximative convenable du zéro des cartes est le « niveau minimal » d’eau dans des conditions normales. Ainsi, si une marée à une heure donnée est de 2.0 mètres et que le zéro des cartes est de 1.0 mètre, la profondeur sera de 2.0 + 1.0 = 3.0 mètres. Le niveau de la marée est toujours exprimé à partir du zéro des cartes.
Un demi-cycle de marée est une durée qui correspond au temps pour passer d’une marée haute à la marée basse (ou vice versa). C’est généralement proche de 6 heures et 12 minutes, soit le quart du temps requis pour que la lune fasse une révolution complète (24 h 48 minutes). La durée du demi-cycle varie d’une place à l’autre, en fonction des conditions hydrographiques locales.
Un port de référence est un port qui, aux yeux de Pêches et Océans Canada, est suffisamment important pour justifier sa propre information sur les marées.
A contrario, un port secondaire est un port qui, aux yeux de Pêches et Océans Canada, n’est pas assez important pour avoir ses propres informations de marées. Il faut appliquer des corrections aux informations d’un port de référence pour obtenir les informations de marées à ce port secondaire.
Techniques électroniques
Difficulté | Requis pour… | Commentaire |
Simple. | N’est pas requis pour aucun brevet. | C’est la norme pratique établie. |
Mise en situation
Vous souhaitez entrer au Parc Nautique de Saint-Jean-Port-Joli le premier août 2025. La capitainerie vous indique qu’il faut arriver deux heures après la marée basse et deux heures avant la prochaine marée basse. Quelles sont les heures qui vous permettent d’arriver sans vous échouer?
1ère technique: application fédérale des marées
L’application fédérale des marées est disponible à cette adresse. Il faut choisir sa langue d’usage et ensuite rechercher une « station » (image de gauche, ci-dessous). Au besoin, on peut cliquer sur l’icône de globe-terrestre pour identifier une des stations disponibles (image de droite, ci-dessous). On y trouvera notamment la station de Saint-Jean-Port-Joli. On peut ainsi la choisir.


Une fois qu’on a choisi la station qui nous intéresse (ci-dessous, Saint-Jean-Port-Joli), il faut alors changer la date pour celle qui nous intéresse (ici, le premier août 2025).

Avant de lire les marées, on portera attention au fuseau horaire utilisé par l’application. Normalement, l’application indique automatiquement l’heure d’été (l’heure avancée de l’est, UTC-4) pendant la période estivale. Sinon, elle affichera l’heure normale de l’est (UTC -5) et on voudra additionner une heure pour obtenir l’heure d’été. Dans l’image ci-dessous, les marées sont indiquées à l’heure d’été, ce qui correspond directement aux heures qu’on emploie normalement pour faire nos planifications estivales.
L’application nous donne alors les valeurs de la marée en tout temps sous forme de graphique. Elle affiche également les données de marée haute et de marée basse. La première marée basse est à 05h00 (heure d’été), la marée première marée haute de la journée est à 11h00 (heure d’été).

Pour obtenir l’heure de la deuxième marée basse de la journée, il faut cliquer sur le point approprié du graphique (image ci-dessous). De cette manière on peut déduire que la deuxième marée basse de la journée est à 17h00.

En se basant sur les informations de marées et de les connaissances locales de la capitainerie, on sait ainsi qu’on doit arriver entre 7 heures du matin (première marée basse + 2 heures) et 3 heures de l’après-midi (deuxième marée basse – 2 heures). C’est une fenêtre appréciable pour arriver!

Notez que l’application permet également de déduire le niveau de marée à chaque instant, simplement en cliquant sur l’heure qui nous intéresse.
Dans l’image de droite, j’ai sélectionné 13h30 (heure d’été). L’application affiche alors un niveau d’eau de 3.09 mètres.
Pour bien interpréter ce niveau d’eau, il faut bien sûr comprendre la convention du service hydrographique du Canada, à savoir que le niveau de 3.09 mètres est au dessus du zéro des cartes. Ainsi, si le zéro des cartes est de 0.1 mètre à Saint-Jean-Port-Joli, alors la profondeur totale est de 3.1 mètre.
2e technique: application Boating
Pour employer cette approche, il faut bien sûr que l’application Boating soit installée sur une tablette ou sur un téléphone. Il faut également un abonnement comprenant les informations cartographiques du Canada.

La première étape consiste à centrer l’application sur le port qui nous intéresse. À droite, l’image est centrée sur Saint-Jean-Port-Joli.
L’application affiche automatiquement les stations de marées. Ce sont les petits rectangles noirs comprenant tantôt une jauge rouge (comme dans l’image), tantôt une jauge bleue (non-illustrée). Il faut alors choisir la jauge la plus proche de l’endroit qui nous intéresse.
L’application Boating n’a pas de souris, mais plutôt un curseur central en forme de croix. On doit déplacer l’écran jusqu’à ce que la jauge soit au centre de la croix. On clique ensuite sur le point d’interrogation (sur l’extrémité est de la croix) pour afficher la fenêtre de dialogue associée à cette fenêtre de marée.
Il faut porter attention à ce que le curseur soit bien sur la jauge, et non sur un objet adjacent. Autrement, on risque d’afficher l’information d’un autre objet d’intérêt.
L’image ci-dessous (à gauche) affiche la fenêtre de cycle de marées lorsqu’on a correctement cliqué sur la jauge. Si la fenêtre est moins grande que dans les autres applications (elle est compressée au bas de l’écran), Boating affiche cependant le niveau d’eau réel (niveau de marée + zéro des cartes) directement sur les cartes marines tant et aussi longtemps qu’on est dans le menu contextuel de marées. On peut donc identifier le niveau d’eau à tout endroit en fonction du cycle de marée.
Choisir la bonne date n’est l’affaire que d’utiliser le menu contextuel en bas, à gauche de l’écran (voir l’image de droite, ci-dessous). En déplaçant les molettes, on peut identifier la date qui nous intéresse, et l’application chargera les données de marée de la journée d’intérêt.


L’interprétation des données de marées se fait alors en déplaçant le curseur qui est en bas de la fenêtre de marées. On peut alors retrouver l’heure de la marée basse, de la marée haute, ou encore le niveau d’eau de n’importe quel moment de la journée.
Il convient de noter que les heures présentées dans Boating sont nécessairement celles présentées au fuseau horaire de la tablette ou du cellulaire avec lequel vous travaillez. Dans les images de ce texte, la tablette est dans le fuseau horaire des caraïbes (!), si bien que l’heure est devancée. Il faut donc, dans les images ci-dessous, additionner une heure pour retrouver le temps du Québec. Si votre tablette ou votre cellulaire est à l’heure du Québec, vous n’aurez pas ce problème.

On note ainsi que la première marée basse de la journée est à 4h51 (3h51 + 1h pour tenir compte du décalage de ma tablette) et la seconde marée basse est à 17h01 (16h01 + 1h pour tenir compte du décalage de ma tablette). Tenant compte des informations de la marina, la fenêtre pour arriver à Saint-Jean-Port-Joli est donc entre 6h51 du matin et 15h01 en après-midi.
3e technique: application OpenCPN
Pour employer cette technique, il faut avoir installé OpenCPN sur son ordinateur personnel, de même qu’avoir acheté des cartes canadiennes. On doit ensuite cerner la région qui nous intéresse (image ci-dessous).

Dans le menu de configuration de l’affichage (en bas à droite), on doit alors cliquer sur l’option « stations de marées » (voir l’image ci-dessous). En cliquant sur l’option, on devrait alors voir des petites rectangles jaunes apparaître, chacun indiquant le niveau d’eau à chaque station de marée. Comme Open CPN tire ses données de celles de Pêches et Océans Canada, ce sont les mêmes stations.


Une fois que les stations sont affichées, il faut faire une « clic-droit » sur la station qui nous intéresse (ici, Saint-Jean-Port-Joli) pour afficher la fenêtre contextuelle des marées. Le logiciel est passablement capricieux: il faudra peut-être cliquer plus d’une fois. Vous devriez alors être en mesure de voir la fenêtre illustrée à droite. Le look peut changer d’une marque de système d’exploitation à l’autre. L’image ci-dessous est prise d’un Apple. Dans tous les cas, vous devriez reconnaître la courbe sinusoïdale représentant le niveau des marées.
Pour se déplacer à la date d’intérêt, il faut alors utiliser les boutons « précédent » et « suivant » en bas de la fenêtre. Si la date qui vous intéresse est passablement éloignée dans le futur, il faudra être patient et cliquer plusieurs fois.
Une fois la journée sélectionnée, l’interprétation est la même que pour l’application fédérale. Une petite boîte d’information, en haut à gauche, donne l’heure et le niveau des marées hautes (« pleine mer »: PM) et des marées basses (« basse mers »: BM). On retrouve ainsi les mêmes informations que dans l’application fédérale des marées. Notons que les informations sont communiquées par défaut en temps local moyen (« local mean time », LMT), soit l’heure déterminée par l’écart de longitude au Méridien de Greenwhich. Les heures indiquées ne correspondront donc pas exactement à celle donnée par l’application fédérale des marées.

Une fois les marées basses identifiées, on peut trouver la fenêtre de marées appropriée en additionnant deux heures à la première marée basse (05h03 + 2 heures) et en soustrayant deux heures à la deuxième marée basse (17h09 – 2 heures). La fenêtre acceptable pour arriver est donc entre 07h03 le matin à 15h09 en après-midi (en « local mean time »).
4e technique: Observatoire global du St-Laurent
À partir de la page d’accueil de l’Observatoire global du St-Laurent (ci-dessous, à gauche), il faut cliquer sur la page « Outils de navigation » et ensuite l’onglet « navigation » (ci-dessous, à droite). On y trouvera alors une foule d’information utile à la navigation sur le fleuve. Dans le cadre de ce texte, l’information qui nous intéresse traite des marées.


Une fois dans l’onglet de navigation, l’outil présentera les courants de marée par défaut (image ci-dessous). On trouvera cependant un bouton « marées » en bas de l’écran. Il faut alors cliquer dessus. On vous demandera alors de choisir un endroit sur la carte pour ensuite identifier une station de marée (les données étant les mêmes, ce sont les mêmes que celles de Pêches et Océans Canada). Dans notre cas, on choisira « Saint-Jean-Port-Joli ».

La fenêtre montrera alors les marées pour la date en cours (image ci-dessous). Et là est le plus grand défaut de l’application des marées de l’OGSL: à ma connaissance, il n’est pas possible d’obtenir les prévisions de marées plus d’une semaine d’avance. Conséquemment, il faut utiliser l’outil lorsqu’on est proche de la planification de notre voyage.

Techniques manuelles
L’attrait des techniques manuelles varie grandement d’une personne à l’autre. Leurs défenseurs argumenteront surtout l’avantage indéniable de pouvoir calculer les marées à la main… si les systèmes électroniques à bord venaient à faire défaut. Mais à une époque où chaque personne à bord a son appareil cellulaire, les risques de bris de l’ensemble des systèmes électroniques sont relativement faibles. Toujours est-il que de connaître les méthodes « analogiques » de calcul des marées constituent une sécurité additionnelle.
Pour les adeptes de la modernité, il faudra se résigner aux affirmations suivantes: c’est une obligation des examens de Voile Canada, des examens de Transport Canada… et ça demande beaucoup de petits calculs. Connaître une ou plusieurs techniques discutées ci-dessous aidera à la réussite des examens!
5e technique: Tables des marées à un port de référence
Difficulté | Requis pour… | Commentaire |
Simple. Il faut savoir lire un tableau. | Connaître la marée dans un port de référence. Le brevet élémentaire de navigation côtière de Voile Canada. Le certificat d’opérateur de petite embarcation. | Attention à ne pas oublier le changement d’heure! |
Mise en situation
(Note: c’est la même mise en situation que pour les applications électroniques.)
Vous souhaitez entrer au Parc Nautique de Saint-Jean-Port-Joli le premier août 2025. La capitainerie vous indique qu’il faut arriver dans la fenêtre débutant deux heures après la marée basse et se terminant deux heures avant la prochaine marée basse. Quelles sont les fenêtres de marée qui vous permettent d’arriver?
Solution


Il faut aller chercher les documents intitulés « Tables des marées et des courants » sur le site du Gouvernement du Canada. Ces tables sont produites par Pêches et Océans Canada.
Comme on s’intéresse ici à Saint-Jean-Port-Joli, un parc nautique le long du fleuve St-Laurent, on téléchargera le volume 3, édition 2025, qui traite du fleuve St-Laurent. La version de 2025 est stockée sur ce site en permanence. En pratique, on cherchera toujours à prendre l’édition la plus récente sur le site du Gouvernement du Canada.
Une fois le document téléchargé, vous serez en mesure de trouver les tables des marées pour tout les ports dits « de référence », c’est-à-dire ceux que Pêche et Océans Canada estime suffisamment importants pour justifier une table de marées. Saint-Jean-Port-Joli est un port de référence.
Les tables des marées vous donnent ainsi les niveaux d’eau prédits pour chaque marée haute et chaque marée basse de chaque jour de l’année. Pour le mois d’août, vous devriez être en mesure de retrouver la page équivalente à l’extrait en début de cette section.
Heure (TUC-5) | Niveau (m) |
0354 | 1.2 |
0954 | 4.0 |
1559 | 1.3 |
2221 | 4.5 |
La page permet d’identifier le tableau à droite de ce texte. On y trouve l’heure pour le premier août 2025, donné en temps militaire (0353 = 03 heures, 54 minutes). Le niveau d’eau à cette heure est de 1.2 mètres, soit une marée basse. À 09h54, la marée est haute est à 4.0 mètres, et ainsi de suite.
Pour fins de navigation, deux conventions sont importantes. La première est que l’heure donnée est l’heure normale du Québec (TUC-5), sans tenir compte de l’heure d’été. Conséquemment, comme on avance le temps d’une heure pendant l’été, la marée basse de 0354 est en fait à 0454 à l’heure d’été. La deuxième convention est que le niveau d’eau donné est celui au dessus du zéro des cartes.
On peut maintenant répondre à notre question. La marée basse est indiquée à 0454 (heure d’été) et 1659 (heure d’été). Une fenêtre pour entrer est donc entre 0654 et 1459 (deux heures après la première marée basse et deux heures avant la prochaine marée basse).
6e technique: Table des marées à un port secondaire
Difficulté | Requis pour … | Commentaire |
Simple, mais demande plusieurs calculs intermédiaires. | Savoir la marée dans un port secondaire. Le brevet de navigation côtière élémentaire de Voile Canada. L’examen de Cartes et Pilotage II de Transport Canada. | Attention au changement d’heure, à l’identification du port de référence, au type de marée et aux corrections à apporter. |
Mise en situation
Vous désirez dîner à l’ancre à l’Île aux Grues le premier août 2025. Vous avez besoin de savoir la profondeur de l’eau pour déterminer la touée appropriée. Quelles sont les profondeurs maximales et minimales?
Solution
Il faut de nouveau consulter la table des marées. Cependant, l’Île aux Grues n’a pas de table des marées spécifique. C’est un port secondaire. Pêches et Océans ne présente que des corrections à apporter par rapport à un port de référence. Pour obtenir les niveaux de marée, il faut ainsi:
- Identifier le port de référence à la date d’intérêt;
- Déterminer le niveau de la marée aux heures appropriées;
- Appliquer les corrections pour transformer les prédictions au port de référence en prédictions au port secondaire.
Chacune de ces étapes requiert d’identifier un tableau dans la table des marées. Ces derniers se retrouvent dans la section du document portant sur les ports secondaires et sont illustrés ci-dessous.
Pendant l’élaboration de la solution, il est très utile de travailler avec un tableau synthèse qu’on remplit au fur et à mesure qu’on fait l’exercice. Ce tableau est présenté ci-dessous, et peut servir pour élaborer n’importe quel exercice de marée d’un port secondaire.
Tableau synthèse servant à identifier les marées à un port secondaire
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
(À remplir) | |||||||
(À remplir) | |||||||
(À remplir) | |||||||
(À remplir) |
Première étape: identifier le port de référence
Les premières pages suivant les tables des marées des ports de référence détaillent quel port secondaire est associé à quel port de référence. Dans le cas de l’Île aux Grues, la page 56 indique que le port de référence est Saint-Jean-Port-Joli (image ci-dessous). Le port de référence est indiqué en gras, au dessus de la ligne décrivant le port secondaire.

Deuxième étape: identifier les marées au port de référence
Il faut ici aller voir la table des marées du port de référence et appliquer la technique #5. Comme nous avons déjà identifié les marées à Saint-Jean-Port-Joli pour le premier août 2025 (technique précédente), nous pouvons les recopier dans le tableau (ci-dessous). C’est une bonne idée que de garder les heures telles que dans le tableau et de faire la conversion en heure d’été uniquement à la fin.
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
0354 | 1.2 | ||||||
0954 | 4.0 | ||||||
1559 | 1.3 | ||||||
2221 | 4.5 |
Troisième étape: identifier si chaque marée est une grande marée ou une marée moyenne
Une grande marée est lorsque le soleil et la lune travaillent de concert pour générer des marées plus grandes que la moyenne. C’est normalement le cas lorsqu’on est proche de la pleine lune ou de la nouvelle lune. Autrement, le soleil et la lune sont déphasées (et ce n’est pas une grande marée).
Les corrections à apporter dépendent du type de marée auquel on fait face. Il faut donc identifier si c’est une grande marée ou une marée moyenne en comparant le niveau d’eau de la journée (au port de référence) avec les tableaux indiquant quel est le niveau usuel d’une grande marée ou d’une marée moyenne.
Il faut retenir le type de marée qui est le plus proche du niveau de la marée de la journée d’intérêt (ici le premier août). Si le niveau de la marée haute est plus proche d’une grande marée, on retiendra que cette marée est catégorisée comme une grande marée (sinon, c’est une marée moyenne).
Le tableau 2 de la page 54 nous indique les hauteurs typiques des marées moyennes et des grandes marées à la fois pour les marées hautes (pleine mer supérieur) et les marées basses (pleine mer inférieure). Ainsi, à Saint-Jean-Port-Joli, on note que les marées hautes sont de 5.1 mètres pour la marée moyenne et de 6.3 mètres pour une grande marée. Pour les marées basses, on note 0.8 mètre pour une marée moyenne et 0.2 mètre pour une grande marée.

Au premier août 2025, on note que l’ensemble des données de marée de cette journée indiquent une marée moyenne. La marée haute de 4.0 mètres est plus proche de 5.1 mètres que de 6.0 mètres. Similairement, les marées basses de 1.2 et 1.3 mètres sont plus proches de 0.8 mètres que de 0.2 mètres. Toutes les données indiquent une marée moyenne. On peut donc remplir la troisième colonne de notre tableau en conséquence (ci-dessous).
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
0354 | 1.2 | Moyenne | |||||
0954 | 4.0 | Moyenne | |||||
1559 | 1.3 | Moyenne | |||||
2221 | 4.5 | Moyenne |
Signalons que ce n’est pas toujours le cas que les marées d’une même journée sont toutes du même type. C’est possible d’avoir une marée basse moyenne suivie d’une grande marée haute (ou autre combinaison). C’est parfaitement acceptable d’avoir des valeurs différentes au sein d’une même journée. D’autre part, c’est possible que les grandes marées basses affichent une valeur négative. Cela veut dire que les grandes marées basses sont plus basses que le zéro des cartes à cet endroit.
Quatrième étape: identifier les corrections à appliquer en fonction du type de marée
Les corrections à apporter se trouvent dans le tableau 3 (image ci-dessous, page 56 du document). Les colonnes « différences » sont celles à consulter, en lien avec le port secondaire qui nous intéresse. On notera qu’il y a un total de six colonnes de différences: trois pour la marée haute (« pleine mer supérieure ») et trois pour la marée basse (« basse mer inférieure »). Une colonne donne la différence en termes d’heures et de minutes alors que les deux autres colonnes indiquent les correction de hauteur à apporter en fonction du type de marée (« marée moyenne » ou « grande marée »).

Comme on est en marée moyenne toute la journée, on doit donc apporter les corrections de marées moyenne pour les marées hautes et les marées basses (autrement, il faudrait retenir la correction propre au type de marée). On retient ainsi les corrections suivantes qui sont à appliquer:
- Une correction de + 23 minutes pour les marées hautes.
- Une correction de +0.1 mètre pour les marées hautes moyennes.
- Une correction de +49 minutes pour les marées basses.
- Une correction de -0.3 mètre pour les marées basses.
Ces informations sont notées pour chacune des entrées du tableau de calcul (ci-dessous). On peut ainsi passer à l’étape suivante.
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
0354 | 1.2 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | |||
0954 | 4.0 | Moyenne | +0h23 | +0.1 | |||
1559 | 1.3 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | |||
2221 | 4.5 | Moyenne | +0h23 | +0.1 |
Cinquième étape: additionner le corrections
Il faut maintenant appliquer les corrections de temps et de niveau d’eau. La seule subtilité à retenir est qu’il ne faut pas oublier qu’il y a 60 minutes dans une heure. Le tableau ci-dessous résume les opérations arithmétiques effectuées.
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
0354 | 1.2 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | 0443 | 0.9 | |
0954 | 4.0 | Moyenne | +0h23 | +0.1 | 1017 | 4.1 | |
1559 | 1.3 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | 1648 | 1.0 | |
2221 | 4.5 | Moyenne | +0h23 | +0.1 | 2244 | 4.6 |
Sixième et dernière étape: adapter à l’heure d’été
Comme on est au mois d’août, il ne faut pas oublier d’ajouter l’heure de plus pour tenir compte de l’heure d’été. Le tableau (ci-dessous) est alors complet.
Heure (port ref.) | Niveau (port ref.) | Type de marée | Correction (heure) | Correction (niveau) | Heure (port sec.) | Niveau (port sec.) | Heure (heure d’été) |
0354 | 1.2 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | 0443 | 0.9 | 0543 |
0954 | 4.0 | Moyenne | +0h23 | +0.1 | 1017 | 4.1 | 1117 |
1559 | 1.3 | Moyenne | +0h49 | -0.3 | 1648 | 1.0 | 1748 |
2221 | 4.5 | Moyenne | +0h23 | +0.1 | 2244 | 4.6 | 2344 |
Autour de l’heure du dîner (1200), on peut ainsi déduire que le niveau d’eau sera aux environs de 4.1 mètres (au dessus du zéro des cartes). La marée sera descendante dans l’après-midi, pour atteindre 1.0 mètre au dessus du zéro des cartes. Il faut ensuite consulter sa carte nautique pour identifier quel est le zéro des cartes à l’endroit où on songe jeter l’ancre.
7e technique: Tables sinusoïdales de Transport Canada
Difficulté | Requis pour … | Commentaire |
Intermédiaire. | Savoir la marée à n’importe quelle heure. Le brevet de navigation côtière intermédiaire de Voile Canada. L’examen de Cartes et Pilotage II de Transport Canada. | Il faut prendre soin de bien identifier les colonnes dans les tables 5 et 5A (détails ci-dessous). |
Mise en situation
Vous êtes bien content de savoir que la marée est haute à 1117 à l’Île aux Grues le 1er août 2025, mais vous comptez arriver à 1228. Vous aimeriez ainsi savoir quel sera le niveau d’eau à cette heure. De même, vous aimeriez savoir à partir de quel moment de l’après-midi le niveau de l’eau passera en dessous 2.5 mètres au dessus du zéro des cartes, vous donnant une bonne indication du moment pour partir.
Solution
Cette technique est la première des approches manuelles permettant de calculer le niveau des marées à des heures « quelconques », c’est-à-dire à d’autres moments qu’à la marée haute ou à la marée basse. Elle demande un accès aux table des marées de Pêches et Océans Canada (et les extraits pertinents seront fournis en examen).
Dans une majorité des ports canadiens, chaque succession de marée haute et de marée basse suit à peu près une courbe sinusoïdale. Cette courbe sinusoïdale doit être adaptée en fonction du demi-cycle de marée et de son marnage. Pêches et Océans Canada fournit une table sinusoïdale générique qu’il faut adapter. Ce sont les tables 5 et 5A (pages 48 et 50 du document).
Conceptuellement, Pêches et Océans découpe une courbe sinusoïdale en 10 parties de hauteur égale (image de gauche ci-dessous). Ces coupes sont numérotées de A à J. Ces parties sont ensuite réparties en fraction de temps requis pour que le niveau d’eau atteigne cette partie (image ci-dessous, à droite).


Les intervalles associés à chaque catégorie sont alors représentés respectivement dans la table 5 (durée, image ci-dessous, à gauche) et dans la table 5A (hauteur, image ci-dessous, à droite).


En pratique, la technique se décompose en cinq étapes de calcul:
- Identifier la durée du demi-cycle d’intérêt;
- Identifier le marnage d’intérêt;
- Identifier le temps écoulé entre le début du demi-cycle d’intérêt et l’heure où on souhaite avoir la marée;
- En fonction des durées identifiées aux étapes 1 et 3, identifier la colonne qui correspond à la durée écoulée dans la table 5.
- Ensuite, identifier la colonne retenue à l’étape 4 dans la table 5A et retenir la donnée associée au marnage identifié à l’étape 2.
Ces étapes sont détaillées ci-dessous, pour trouver la réponse à la mise en situation.
Étapes 1, 2 et 3
On sait de la technique #5 que le premier août 2025, la marée haute est à 4.1 mètres au dessus du zéro des cartes à l’île aux Grues (à 1117, heure d’été). La marée basse se termine à 1748, avec une hauteur de 1.0 mètre (au zéro des cartes). Le marnage est donc de 3.1 mètres (4.1 – 1.0) et la durée du demi-cycle est de 6h31 minutes (17h48 – 11h17).
La mise en situation nous indique qu’on veut savoir le niveau d’eau à 12h28, soit 1h11 minutes après la marée haute (1228 – 1117).
Étape 4
On doit consulter la table 5 à la ligne « 6h30 », soit la ligne la plus proche du temps du demi-cycle que nous avons identifié à l’étape 1 (6h31). Chaque ligne de la table 5 correspond à une durée de demi-cycle donnée. En choisissant la ligne de 6h30, on retient ainsi la courbe sinusoïdale qui a la durée la plus proche de la durée de notre problème.
Ensuite, dans cette ligne, il faut identifier la colonne où le temps écoulé est le plus proche du temps écoulé depuis le début du cycle (1h11). On retient ainsi la colonne A, avec un temps écoulé de 56 minutes.
Étape 5
On consulte alors la colonne A du tableau 5A, en prenant soin d’identifier la ligne la plus proche du marnage identifié pour la journée d’intérêt (3.1 mètres). Chaque ligne module l’intensité de la courbe sinusoïdale en fonction d’une marnage donné. En choisissant la ligne « 3.0 », on retient donc la courbe qui est la plus proche de la situation réelle. À la colonne A, on devrait lire la « 0.15 » signifiant une baisse de 0.15 mètre (15 centimètres).
Étape 6
De là, on peut déduire qu’à 12h28, le niveau de la marée sera « à peu près » de 3.95 mètres (4.1 -0.15) au dessus du zéro des cartes.
Et l’heure de la profondeur à 2.5 mètres?
Pour identifier le moment où la profondeur sera à 2.5 mètres, il faut procéder à la lecture des tableaux à l’envers. La hauteur recherchée est 1.5 mètres au dessus de la marée basse. Il faut chercher, dans la table 5A, la colonne où la différence est la plus proche de 1.5 mètres pour la ligne de marnage la plus proche du marnage de cette journée (soit la ligne « 3.0 »). La colonne identifiée est la colonne « J ».
Il faut ensuite passer à la table 5 pour identifier le temps écoulé à la colonne J pour un temps de 6h30, soit 3h15 minutes. Comme nous avons analysé la différence de marée à partir de la marée basse, il faut partir du temps de la marée basse (17h48) et soustraire les 3 heures, 15 minutes, pour identifier le temps de départ. On obtient donc 14h33 (1748 – 0315) à l’heure d’été. Si on souhaite quitter avant que la profondeur ne passe sous les 2.5 mètres, c’est donc l’heure à laquelle on devrait partir.
8e technique: la règle des sixièmes/douzièmes
Difficulté | Requis pour … | Commentaire |
Élémentaire-intermédiaire | Savoir la marée à chaque heure. | C’est une règle pratique pour faire rapidement des calculs mentaux sur le pont. |
Mise en situation
De la mise en situation associée à la technique #1, vous savez que le premier août 2025, la fenêtre d’arrivée au parc nautique de Saint-Jean-Port-Joli est entre 0654 et 1459 (heure d’été). Quel sera le niveau d’eau à ces heures?
Solution

La plupart des demi-cycles de marées sont d’à peu près 6 heures (plus précisément 6 heures, 12 minutes), soit le temps requis pour passer de la marée haute à la marée basse (ou vice-versa). L’idée de la règle des douzièmes est de diviser ce demi-cycle en six intervalles d’une heure et de calculer, pour chaque sixième, les variations de la hauteur de l’eau en suivant une règle qui donne à peu près une courbe sinusoïdale.
Cette règle approximative est très simple à retenir avec la séquence numérique « 1, 2, 3, 3, 2, 1 », ce qui signifie:
- Qu’à la première heure, le niveau d’eau variera d’un douzième du marnage.
- Qu’à la deuxième heure, le niveau d’eau variera de deux douzièmes du marnage.
- Qu’à la troisième heure, le niveau d’eau variera de trois douzièmes du marnage.
- Qu’à la quatrième heure, le niveau d’eau variera de trois douzièmes du marnage.
- Qu’à la cinquième heure, le niveau d’eau variera de deux douzièmes du marnage.
- Qu’à la sixième heure, le niveau d’eau variera d’un douzième du marnage.
Une fois que cette répartition est comprise, il suffit de se faire un tableau pour faire les calculs et ajouter les variations. Ci-dessous, le tableau permet de calculer le niveau de l’eau à Saint-Jean-Port-Joli après la marée basse. En regardant le tableau de la solution à la technique #5, on peut identifier un marnage de 2.8 mètres entre la marée basse du matin et la marée haute de l’après-midi.
Un douzième de 2.8 mètres correspond à 0.23 mètre (23 centimètres). La colonne de variation ajoute donc successivement 0.23 (un douzième), 0.47 (deux douzièmes) et ainsi de suite au niveau de l’eau de l’heure précédente. Après six heures, on obtient alors la valeur de la marée haute.
Heure (variation) | Heure (heure d’été) | Variation (m) | Niveau (m) |
+1 | 0454 | +0.23 (1/12) | 1.43 (1.2 + 0.23) |
+2 | 0554 | +0.47 (2/12) | 1.9 (1.43 + 0.47) |
+3 | 0654 | +0.7 (3/12) | 2.6 (1.9 + 0.7) |
+4 | 0754 | +0.7 (3/12) | 3.3 (2.6 + 0.7) |
+5 | 0854 | +0.47 (2/12) | 3.77 (2.6 + 0.47) |
+6 | 0954 | +0.23 (1/12) | 4.0 (3.77 + 0.23) |
On peut ainsi déduire que deux heures après la marée basse, le niveau de l’eau sera d’à peu près 1.9 mètres au dessus du zéro des cartes.
Pour la deuxième partie de la mise en situation, on peut faire la même démarche, mais en reculant dans le temps à partir de la marée basse d’après midi. Les deux premières lignes du tableau ont la forme ci-dessous (marnage de 2.7 mètres, partant de 1.3 mètres).
Heure (variation) | Heure (heure d’été) | Variation (m) | Niveau (m) |
-1 | 1459 | +0.23 (1/12) | 1.54 (1.3 + 0.23) |
-2 | 1359 | +0.45 (2/12) | 1.98 (1.43 + 0.47) |
Ainsi, le niveau de l’eau sera à peu près 2.0 mètres (1.98) au dessus du zéro des cartes deux heures avant la marée basse.
9e technique: équation sinusoïdale
Difficulté | Requis pour … | Commentaire |
Avancée | Savoir la marée à chaque instant. | Pratique pour vérifier ses réponses, mais il faut savoir utiliser les fonctions trigonométriques. |
Mise en situation
Quelle est la hauteur de la marée à 0819 (heure d’été) à Saint-Jean-Port-Joli le premier août 2025? À quelle heure le niveau de marée sera de 3.31 mètres?
Solution
La règle des douzièmes et les tables 5 et 5A sont des approximations de courbes sinusoïdales. Pourquoi ne pas exploiter directement une telle courbe? Tout cycle de marée qui s’approxime bien par une courbe sinusoïdale se modélise avec l’équation:
z = z_{\min} + \frac{\Delta z}{2}\left(1 \pm \cos\left(\pi\frac{t}{\Delta t}\right)\right),
où z est le niveau de l’eau au dessus du zéro des cartes, z_{\min} est le niveau de la marée basse de ce demi-cycle de marée, \Delta z est le marnage, \Delta t est le demi-cycle en minutes et t est le temps écoulé (en minutes) depuis le début du demi-cycle. On retient l’opération d’addition si la marée est descendante et l’opération de soustraction si la marée est montante. La fonction cosinus ci-dessus admet son argument en radians (en degrés, il faut remplacer \pi par 180).
Le premier août 2025, la table des marées nous donne un marnage de 2.8m entre 0354 (TUC-5) et 0954 (TUC-5), ce qui signifie un demi-cycle d’exactement 6 heures. On peut revoir la technique 5 pour voir comment obtenir ces informations, mais le tableau ci-dessous résume les besoins.
Heure (TUC-5) | Niveau (m) |
0354 | 1.2 |
0954 | 4.0 |
1559 | 1.3 |
2221 | 4.5 |
On déduit donc que z_{\min} = 1.2, \Delta z = 2.8 et \Delta t = 360. Comme la marée est montante sur ce demi-cycle, le signe de l’équation sinusoïdale est négatif. On a donc l’expression:
z =1.2 + 1.4\left(1-\cos\left(\pi\frac{t}{360}\right)\right).
On cherche le niveau de marée à 8h19 à l’heure d’été, soit à 07h19 à l’heure normale du Québec. L’écart en temps est donc 0719 – 0354 = 0325 , ou 3 heures 25 minutes. En minutes, l’écart est de 205 minutes (soit 3 x 60 + 25). On peut donc calculer à partir de notre équation:
\begin{align*} z&= 1.2+1.4\left(1-\cos\left(\pi\frac{205}{360}\right)\right),\\ &=1.2+1.4\left(1-\cos\left(1.7890\right)\right),\\ &=1.2+1.4\left(1- (-0.2164)\right),\\ &=1.2+1.4\left(1.2164\right),\\ &=1.2+1.703,\\ &=2.903 \end{align*}
Le niveau d’eau prédit est donc de 2.903 mètres au dessus du zéro des cartes à 8h19 (heure d’été).
Pour déterminer l’heure à laquelle le niveau d’eau est de 3.31 mètre, on doit interroger l’équation à l’envers. On fixe:
3.31 = 1.2 + 1.4\left(1-\cos\left(\pi\frac{t}{360}\right)\right),
et on doit alors isoler t. On trouve ainsi:
\begin{align*} 3.31-1.2 &= 1.4\left(1-\cos\left(\pi \frac{t}{360}\right)\right),\\ \Rightarrow \frac{2.11}{1.4}&=1-\cos\left(\pi \frac{t}{360}\right),\\ \Rightarrow 1-\frac{2.11}{1.4}&=\cos\left(\pi \frac{t}{360}\right),\\ \Rightarrow \cos^{-1}\left(1-\frac{2.11}{1.4}\right)&=\pi \frac{t}{360},\\ \Rightarrow \frac{360}{\pi}\cos^{-1}\left(1-\frac{2.11}{1.4}\right)&=t,\\ \Rightarrow t &\approx 114.59\cos^{-1}\left(-0.5071\right),\\ &= 240.95. \end{align*}
La marée est donc à 3.21 mètres 240.95 minutes après le début du demi-cycle de marée. Il faut convertir cette réponse donnée horaire intelligible. 240.95 minutes correspond à 4 heures 57 secondes, ou 4 heures et une minute. Comme le cycle de marée débute à 3h 54 (TUC-5), la marée sera à 3.21 mètres à 7 h 55 (TUC-5), ou 8h55 à l’heure d’été.
Notons que la marée sera aussi à 3.31 mètres sur le demi-cycle descendant de la marée. Pour trouver l’heure, on doit modéliser l’autre demi-cycle. En analysant le tableau pour la marée de la journée, on devrait déduire que z_{\min} = 1.3, \Delta z = 2.7 et \Delta t = 365. Comme le demi-cycle de marée est descendant, le signe de l’équation est positif. Ce faisant l’expression décrivant la marée est:
z = 1.3 +1.35\left(1+\cos\left(\pi\frac{t}{360}\right)\right).
De cette expression, on devrait trouver t\approx 121.46, soit environ 2 heures 3 minutes. Ainsi, la marée sera 3.21 mètres à 12h57 (heure d’été).
10e technique: analyses graphiques de la RYA
Les tables des marées anglaises sont similaires à celles du Canada. Pour chaque jour, on y présente l’heure de la marée haute et de la marée basse pour les ports de référence, de même que les corrections applicables pour les ports secondaires. Les techniques 5 et 6 se transposent donc intégralement aux marées anglaises.

Cependant, le Royaume-Uni diffère du Canada quand il est question du calcul des marées à des heures intermédiaires. C’est parce que leurs marées ne sont pas bien représentées par des courbes sinusoïdales, particulièrement pour les ports du sud de l’Angleterre.
À gauche, on peut voir une courbe de marée pour la ville de Portsmouth le 14 mars 2025. On y notera une « double bosse » reflétant une petite marée haute suivie d’une marée haute plus importante (à 1133).
Parce qu’elles ne se représentent pas bien par des courbes sinusoïdales, les techniques 7, 8 et 9 sont mal adaptées aux calculs de marées. Il faut employer une autre approche.
L’idée des tables des marées de Reeds (un fournisseur anglais populaire) est de fournir un graphique typique de le courbe de marée de la région. Ce graphique doit ensuite être calibré en fonction du marnage et de la durée du cycle de marée (comme on le fait avec les tables 5 et 5A de Transport Canada). Une fois calibré, on peut interroger le graphique pour déduire les informations requises pour notre fenêtre de marées. Ci-dessous, je présente une image d’un graphique type pour la ville de Portsmouth.

On remarque que la graduation sous la courbe est vide, laissant le soin à la personne d’inscrire les heures appropriées entre la marée haute (h.w pour high water) et la marée basse (l.w pour low water). Il faut ainsi inscrire les données du cycle de marée. Similairement, la graduation pour la hauteur de la marée haute et de la marée basse est laissée vide. On doit inscrire ces informations sur les graduations en haut à gauche (marée haute) et en bas à gauche (marée basse) pour tracer une courbe d’interpolation entre la marée haute et la marée basse.
Un graphique complet aurait ainsi la forme de l’image ci-dessous (pour une autre ville). On peut ainsi déduire qu’à 1105 (à mi-chemin entre 1035 et 1135), le niveau de l’eau est d’a peu près 2.8 mètres. Pour bien comprendre la construction, on devrait également voir du graphique que la marée haute est de 3.9 mètres, la marée basse est de 1.5 mètres et qu’à 1235, la marée sera d’environ 3.35 mètres.

L’anglais sera inévitable pour la formation et les examens de la RYA. Si on est prêt à passer à la langue de Shakespeare, le centre Free Sailing Tutorials offre une vidéo complète illustrant la technique de calcul par graphique type (ci-dessous).
Quelques remarques de conclusion
Les applications électroniques usuelles sont extrêmement facile d’usages. Tout ce qu’il faut faire est de lire un graphique! Elles n’offrent cependant pas toutes les mêmes avantages, ou n’ont pas les mêmes inconvénients.
Citons au premier chef que le temps employé par chaque application n’est pas le même. L’application fédérale des marées emploie l’heure applicable au lieu de navigation (au Canada, c’est le plus souvent l’heure d’été). L’application OpenCPN emploie l’heure locale moyenne (local mean time).
C’est aussi possible de présenter les heures en temps universel coordonné à Greenwich (UTC 0). Cela permet de présenter les marées à l’heure d’été si on est prêt à faire les calculs de conversion. Finalement, l’application Boating emploie l’heure retenue dans le système d’exploitation de la tablette ou du cellulaire. Si vous êtes au Québec, ce sera soit l’heure normale de l’est (UTC-5) ou l’heure d’été (UTC-4). Ces petites différences sont à comprendre pour éviter des erreurs d’interprétation!
Sinon, on remarquera aussi que l’Observatoire global du St-Laurent ne permet pas (à ma connaissance) d’obtenir les prévisions de marées plus d’une semaine d’avance. Ce n’est donc pas un outil approprié pour une planification de long terme.
Sur le plan des techniques en papier, la cinquième, sixième et septième technique sont le strict minimum requis pour faire les examens de Transport Canada (ou de Voile Canada). On voudra peut-être se doter d’une technique additionnelle pour vérifier ses réponses. Si vous avez au contraire la bosse des maths, c’est peut-être plus rapide de travailler directement avec la 9ième technique.
Pour ceux et celles qui ont la bosse des maths, on voudra peut-être en apprendre davantage sur les techniques de prévision de marées. On s’intéressera peut-être à la manière dont Pêches et Océans fait ses prévisions de marées. On intéressera peut-être également à la performance relative des différentes techniques.
Si on calcule des fenêtre de marées pour la première fois, l’apprentissage de ces techniques demandera cependant un peu d’effort. Il faut prendre celles nécessaires à nos besoins et y aller une étape à la fois. Avec le temps, les techniques deviennent une seconde nature. On peut alors se concentrer sur ce qui importe le plus, c’est-à-dire le plaisir de la navigation… sans s’échouer.
Références
Camping au Bonnet rouge (s.d.). Camping au Bonnet rouge, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Cégep de Rimouski (s.d.). Usage des cartes et pilotage 2 – Préparation à l’examen, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
C-MAP (s.d.). Worldwide nautical charts backed by C-MAP expertise, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Google Play (s.d.). Navionics Boating, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Observatoire global du le St-Laurent (s.d.). Navigation, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
O-Charts (s.d.). Charts for Open CPN, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
OpenCPN.org (s.d.). Open CPN official site, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Parc Nautique de Saint-Jean-Port-Joli (s.d.). Parc Nautique, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Pêches et Oceans Canada (2024). Tables des marées et des courants (Volume 3), document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Pêches et Océans Canada (2025-a). Pêches et Océans Canada, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Pêches et Oceans Canada (2025-b). Saint-Jean-Port-Joli, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Royal Yachting Association (s.d.). Royal Yachting Association, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Savyy Navy (s.d.). Application de navigation pour bateaux, GPS et cartes marines, document récupéeé en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Transport Canada (2025). Cours de formation sur les embarcations de petits bâtiments, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Tide-forecast.com (s.d.). Tide Times for Portsmouth, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Voile Canada (s.d.). Voile Canada, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Voile Canada (2024). Brevet de croisière élémentaire, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Voile Canada (2021-a). Brevet de navigation côtière élémentaire, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Voile Canada (2021-b). Brevet de navigation côtière intermédiaire, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Wikipedia (s.d.-a). Rule of twelfth, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
Wikipedia (s.d.-b). Calcul de marée, document récupéré en ligne en mars 2025 à partir de cette adresse.
2 Responses
[…] côtière de Voile Canada et quelques techniques plus avancées. Il faut également connaître les techniques de calcul des niveaux de marées. Si on emploie la convention d’annotation de Voile Canada, il faudra être prêt à […]
[…] côtière de Voile Canada et quelques techniques plus avancées. Il faut également connaître les techniques de calcul des niveaux de marées. Si on emploie la convention d’annotation de Voile Canada, il faudra être prêt à […]